Le Drapeau d 'Israël


Une petite histoire du drapeau dIsraël
Reuven Kashani


mfa

Depuis les temps les plus reculés les nations possèdent leur drapeau qui, porteur de divers symboles, était déployé au cours de cérémonies ou de conflits armés. Au fil du temps telle couleur ou tel signe figurant sur le drapeau se sont mis à convoyer un message particulier : hisser un drapeau blanc signifiant une reddition à lennemi ou une demande de trêve ; le drapeau rouge, une mise en garde ; le drapeau noir le danger de noyade ; la croix rouge sur fond blanc un emplacement politiquement neutre. Chaque régiment déploie son étendard, garni au sommet de la hampe dun symbole particulier ; chaque peuple possède son drapeau, symbole de son indépendance et de son identité.

Dans la Bible, les bannières sont mentionnées à plusieurs reprises après lexode dEgypte, chaque tribu arborant la sienne. Nous lisons dans Nombres (II, 1-2) LEternel parla à Moïse et à Aaron en ces termes : Rangés chacun sous une bannière distincte, daprès leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants dIsraël. Rachi, le grand commentateur médiéval, explique : Chaque drapeau doit porter un signe distinctif, un morceau détoffe de couleur différente, la couleur de chaque tribu concordant avec celle de la pierre précieuse qui lui était attribuée sur le pectoral [du Grand-Prêtre].

Dans Nombres I, 52 et II, 34 nous lisons : Les enfants dIsraël se fixeront chacun dans son camp et chacun sous sa bannière selon leurs légions ; et les Lévites camperont autour du Tabernacle, afin que la colère divine ne sévisse point sur la communauté des enfants dIsraël ; Les enfants dIsraël exécutèrent tout ce que lEternel avait ordonné à Moïse ; ils campaient ainsi par bannières et ils marchaient dans cet ordre, chacun selon sa famille, près de sa maison paternelle.

Un midrache (exégèse) précise : Le Saint béni soit-Il dit à Moïse : Fais-leur des bannières pour Moi. Moïse, qui se mit immédiatement à regretter les conséquences de cette injonction, dit : Désormais les tribus auront des causes de conflit. Lune exigera que la tribu de Juda campe à lEst et cette dernière refusera, prétendant quelle ne peut camper que dans le Sud. Et il en ira de même entre toutes les tribus. Le Saint béni soit-Il dit alors à Moïse : Elles nauront pas besoin de ton aide, car de même quelles sétaient rangées autour de la couche [de Jacob], ainsi elles saligneront autour du Tabernacle. Car il est écrit : Chacun sera rangé sous sa bannière. Et aussitôt quils se furent rangés, ils sonnèrent de leurs trompettes, et Juda et sa bannière se mirent les premiers en marche, suivis par le prince et sa tribu (Nombres, Midrache Tanhuma 2).

Avant de mourir, le patriarche Jacob avait enjoint à ses fils de transporter sa dépouille tour à tour, suivant la répartition des tribus dIsraël dans le désert. Dans le midrache cité ci-dessus, Jacob donne ses instructions dans ces termes : Juda, Issakhar et Zébulon transporteront ma bière à partir de lEst, Ruben, Simon et Gad du Sud, Dan, Acher et Naftali du Nord, Benjamin, Ephraïm et Manassé de lOuest. Joseph ne participera pas. Pourquoi ? parce quil est roi et quil mérite des honneurs. Levi non plus. Pourquoi ? parce quen des temps futurs ce sera lui qui transportera lArche dAlliance qui contiendra les Tables de la Loi. Si vous vous conformez à mes injonctions et transportez mon cercueil comme indiqué, Dieu vous bénira à lavenir avec des myriades de bannières. Selon ce midrache, les bannières des tribus étaient de la même couleur que les pierres précieuses du pectoral du Grand-Prêtre Aaron*, qui étaient au nombre de douze et disposées en quatre rangées, à raison de trois pierres par rang.

Les bannières et emblèmes ne sont pas mentionnés dans les sources juives après lentrée des tribus dIsraël en Terre promise. Dans louvrage Shevet Yehuda, un consul romain du nom de Marcus rapporte les propos dun témoin qui se trouvait à Jérusalem un jour de Kippour pendant la période du Deuxième Temple : Tous les citoyens de Jérusalem défilaient devant lui [le Grand-Prêtre] avec des flambeaux ardents de cire blanche, ils étaient tous vêtus de blanc, et toutes les fenêtres étaient décorées de broderies et illuminées. Il se peut que ces broderies fussent en réalité des drapeaux.

On trouve mention dun drapeau dans lun des manuscrits de la mer Morte : Le jour du couronnement du roi, il faut procéder à la cérémonie suivante : convoquer une parade militaire à laquelle participeront tous les Israélites âgés de 20 à 60 ans portant les bannières de chaque cité dIsraël (Yigaël Yadin, The Temple Scroll).

Selon lEncyclopedia hebraica : Pendant lexil, en labsence darmée ou de moyens de défense nationale, il ny avait pas de place pour un drapeau pour le peuple juif. A la fin du Moyen Age, le droit au drapeau fut octroyé par des souverains à des juifs - individuellement ou collectivement.

Ainsi, en 1354, Charles IV, empereur germanique et roi de Bohème, octroya aux juifs de Prague une bannière de couleur rouge portant une étoile à six branches qui fut appelée plus tard Maguen David (Bouclier de David). En 1592, Mordekhaï Maizel, notable juif de la ville, fut autorisé à hisser sur sa synagogue une bannière du roi David semblable à celle qui se trouvait sur la Grande Synagogue . En 1648, les juifs de Prague obtiennent de nouveau une bannière, en reconnaissance de leur contribution à la défense de la ville contre les envahisseurs suédois : un bouclier de David jaune sur fond rouge avec, en son centre, létoile de Suède. En Hongrie, les juifs dOfen (Budapest) avaient déjà en 1460 reçu le roi Mathias Corvin avec un drapeau rouge où figuraient deux boucliers de David et deux étoiles.

Le bouclier ou étoile de David est constitué de deux triangles équilatéraux superposés formant six branches. Au fil du temps, cet hexagone est devenu un symbole juif. Savants et commentateurs fournissent de nombreuses raisons à cette symbolique : certains pensent que létoile de David reflétait lordre des tribus pendant leurs pérégrinations dans le désert et la manière dont elles campèrent autour de la Tente dassignation après la sortie dÉgypte.

Pour les kabbalistes, le bouclier de David constitue un symbole religieux juif lié à la rédemption, puisque le Messie sera descendant de David. Le prophète Isaïe propose six définitions des honneurs à rendre au Messie, correspondant aux six branches de létoile de David : Or un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton poussera de ses racines. Et sur lui reposera lesprit du Seigneur : esprit de sagesse (1) et dintelligence (2), esprit de conseil (3) et de force (4), esprit de science (5) et de crainte de Dieu (6) (Isaïe, XI, 1-2).

En outre, létoile de David indique les quatre points cardinaux : le nord, le sud, lest et louest, le paradis au sommet et la terre ici-bas, Dieu régissant lensemble. Le bouclier de David est aussi employé comme un talisman, assorti de versets des Psaumes et des noms de certains anges, voire de bénédictions pour le succès des entreprises, la santé, les accouchements, etc.

Létoile de David a servi aussi de motif décoratif à de nombreux peuples, faisant son apparition dans un contexte juif dès le VIIe siècle avant J.-C. Pour les autres nations, elle nétait pas investie dune signification religieuse ou nationale, encore quici et là lui étaient attribuées des propriétés magiques. Les juifs en décoraient leurs édifices, leurs pierres tombales, voire la reliure de leurs ouvrages. En 1307, une Bible manuscrite de Rabbi Yossef bar Yehuda ben Marvas de Tolède est décorée dun bouclier de David. Dans le premier livre de prières - imprimé à Prague en 1512 - figure un bouclier de David sur la couverture. Le colophon de louvrage porte, entre autres mentions, la phrase suivante : Chaque homme sous sa bannière suivant la maison de ses ancêtres... et sera accordé un présent généreux à quiconque étreint le bouclier de David.

Dans la mémoire collective du peuple dIsraël, le bouclier de David symbolise lespoir en lavenir, létoile qui illuminera les cieux. Selon le penseur juif Franz Rosenzweig (1886-1929), létoile à six branches représente la Création, la révélation de Dieu.

A Prague, la synagogue principale, lAltneuschul, fut érigée au XIVe siècle sur des fondations du XIe. Selon une légende célèbre, elle fut construite au premier siècle de lère chrétienne par des exilés dErets-Israël qui avaient pris soin demporter avec eux des pierres du Temple de Jérusalem et de les ensevelir sous les fondations dans lespoir quelles retourneraient à leur emplacement premier à lavènement du Messie. Une eau-forte de 1829 présente un pilier élevé au centre de cette synagogue, au sommet couronné dune bannière portant un bouclier de David et les inscriptions suivantes : LEternel est notre Dieu, lEternel est Un ainsi que Dieu des armées, dont la gloire emplit le monde . Cest la synagogue du célèbre Maharal (acronyme hébraïque de Notre maître le Rav Leib ) de Prague, lune des principales figures du judaïsme médiéval en Europe (1520-1609), autour duquel se tissa la légende du Golem.

David Hareuveni, prédicateur juif itinérant et inspirateur dun mouvement messianique durant la première moitié du XVIe siècle, et qui se prétendait descendant de lune des dix tribus perdues installées sur les rives du fleuve Sambatyon*, proposa au pape Clément VII la signature dun traité entre les pays chrétiens et les descendants des dix tribus perdues, un pacte dalliance contre les pays dislam. Il déclara : Et nous partirons, avec laide de Dieu, pour Jérusalem et nous soustrairons toute la terre dIsraël des mains des Ismaélites, car lheure du salut approche. Selon des sources contemporaines, David Hareuveni possédait des bannières de soie blanche brodées de lettres dor et dargent sur lesquelles figurait le tétragramme et les Dix Commandements. Le roi me questionna sur ces bannières : Vous avez de remarquables drapeaux - quentendez-vous en faire ? Je lui répondis quils portaient notre signe parmi les tribus et que si je partais en guerre, je les placerais devant larmée. Le cardinal, frère du roi, témoigna dun grand respect en senquérant également des drapeaux : je lui répondis que ces derniers étaient le signe et le reflet du chemin que je parcourrais avec eux, avec laide de Dieu.

Une autre bannière fut conservée pendant des années à la synagogue Altneuschul de Prague : pendant la Deuxième Guerre mondiale, les nazis la confisquèrent et la placèrent dans leur sinistre musée de la Race morte. En 1990, cette bannière fut exposée au Musée dIsraël. Elle porte les inscriptions suivantes : Juge-moi, mon Dieu, combats avec moi contre le peuple injuste et lhomme inique et menteur, sauve-moi ; Dieu des armées est avec nous, il est notre forteresse, le Dieu de Jacob ; Répands ta colère sur les peuples qui ne te connurent point et sur les royaumes qui nappelèrent point ton nom.

La menora (chandelier à sept branches), la mezouza (rouleau de parchemin fixé sur le montant des portes dans les maisons juives), le shofar (corne de bélier) et le talith (châle dans lequel le juif se drape quand il prie, dont la forme et la couleur ont inspiré le drapeau du peuple juif), sont autant de symboles nationaux et religieux du judaïsme.

Quand Théodore Herzl, le visionnaire de lÉtat juif moderne organisa le premier Congrès sioniste à Bâle en 1897, il envisagea le déploiement dun drapeau officiel pour les représentants du peuple juif réunis pour la circonstance. Dans son ouvrage LÉtat juif (1896), il écrit à ce propos : Nous navons pas de drapeau et nous en avons besoin pour diriger des foules ; il faut que nous puissions brandir un symbole au-dessus de leurs têtes [...] Pour ma part, je pencherais pour un drapeau blanc garni de sept étoiles dorées, le fond blanc symbolisant la nouvelle vie (réservée au peuple juif), les étoiles les sept heures bénies de nos journées de travail ; ainsi les juifs iront vivre dans leur nouveau pays sous des couleurs symbolisant le travail.

Herzl confia la conception du drapeau du peuple juif à son assistant, David Wolfsohn. Dans une lettre au baron Hirsch, il écrit : Sils me demandent avec dérision : cest quoi, ce drapeau ?, je répondrai quun drapeau nest pas une hampe surmontée dune pièce de tissu ; un drapeau, cest un objet symbolique et national. Avec un drapeau on peut conduire des gens nimporte où, même en Terre promise.

David Wolfsohn hésita quant à la facture du drapeau, qui devait être prêt pour louverture du Congrès. Sur la requête de notre dirigeant, Herzl, je me rendis à Bâle pour procéder à tous les préparatifs en vue de louverture du premier Congrès. Parmi les nombreux problèmes que javais à résoudre, il y en avait un qui, pour nêtre pas spécialement ardu me préoccupait beaucoup et renfermait toute la problématique juive. Avec quel drapeau allions-nous décorer la salle du Congrès ? Quelles seraient ses couleurs ? Jeus soudain une illumination : nous avions déjà un drapeau, bleu et blanc, le talith dont nous nous drapons pendant la prière. Ce serait notre emblème ; de châle de prière nous le transformerions en drapeau que nous hisserions devant Israël et les Nations. Cest ainsi que je commandai un drapeau bleu et blanc, avec un bouclier de David en son centre. Ainsi naquit létendard du peuple juif.

Au huitième Congrès sioniste, qui se tint à Prague en 1933, une résolution officielle fut adoptée concernant le drapeau : Le drapeau bleu et blanc est celui de lOrganisation sioniste et du peuple juif, conformément à une tradition ancestrale.

Des suggestions sur la forme et sur la couleur du drapeau avaient déjà fait lobjet de débats avant Herzl et Wolfsohn. En 1864, L. August Frankel, poète juif qui compta au nombre des fondateurs de lÉcole Lemel de Jérusalem, était lauteur dun poème sur les couleurs de Juda et sur la facture de son drapeau :

... sur une étoffe blanche
ornée de bandes bleues
semblable à la cape du Grand-Prêtre
Voilà les couleurs de la terre des Amants
Bleu et blanc : les confins de Juda
Blanc, couleur rayonnante de la prêtrise
Bleu-ciel qui lui sert de fond.

Après la déclaration dIndépendance de lÉtat dIsraël en 1948, David Ben-Gurion écrivait à propos du drapeau national : Le drapeau de lÉtat est le symbole de notre continuité et de notre unité historique, du renouveau de lidentité de notre peuple. Transcendant les gouvernements successifs et les forces conflictuelles, il est le ciment de lunité, de la solidité, de la solidarité et de lhistoire de ce pays et de ce peuple. Le drapeau sioniste symbolise les aspirations du peuple hébreu dépourvu de pays à la liberté, lindépendance, la souveraineté et légalité dans sa patrie... Désormais le drapeau national sera le reflet, non seulement des aspirations, mais encore de notre présence et de notre développement vitaux et historiques. Il symbolisera lunité dIsraël, son unicité et son avenir indépendant, le lien entre toutes les générations, depuis les origines de notre peuple et à jamais.

Les Dix Tribus

   Eretz Israel map in Amsterdam Haggada by Abraham Bar-Jacob  

 Tribus Perdues, mythes et réalités

Ce dossier fait suite à l'exposition "Les Portes de la Tolérances, Tribus Perdues, mythes et réalités" réalisée par le Centre Fleg en 2009.
ÉDITO...
Cette exposition cherche à apporter un éclairage sur un des mystères qui perdure depuis les temps bibliques «Les Dix Tribus Perdues : mythes ou réalités».

Selon la Bible, ces dix tribus qui formaient le royaume d’Israël, royaume du nord, furent dispersées en 721 av. JC. Les Assyriens envahirent ce royaume, détruisirent la capitale Samarie et déportèrent les habitants en Mésopotamie. Le royaume de Juda avec les tribus de Juda et Benjamin, capitale Jérusalem connaîtra le même sort en 586 av. JC.

Que sont devenues les Dix Tribus du royaume d’Israël ?

À toutes les époques, des chercheurs, des voyageurs, tentèrent de retrouver leurs traces. Des écrivains recréèrent par l’imagination le destin et la vie de ces Juifs exilés aux confins du monde : Pearl Buck, Arthur Koestler, Marek Halter, Claude Lanzmann… Aujourd’hui, de nombreux groupes humains revendiquent des liens avec une de ces tribus : les Ibos du Nigeria, les Bayudas du Congo, les Chiang Min de Chine… Pour d’autres cette origine a été confirmée par l’ Etat d’Israël qui a organisé leur retour : les Falachas d’Ethiopie, les Bné Ménashé d’Inde. Que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique ou même en Océanie, on retrouve des descendants de ces tribus perdues qui, avec le monothéisme ont diffusé les valeurs universelles du judaïsme.



PRÉSENTATION...
L’exposition sur les Dix Tribus Perdues retrace le mythe et son évolution, depuis l’exil assyrien du royaume d’Israël au huitième siècle avant JC. jusqu’à aujourd’hui.


De tous temps, des groupes par le monde ont prétendu être les descendants des Tribus Perdues ou ont été reconnus comme tels par d’autres. Ces revendications, impossibles à corroborer, continuent de fasciner disciples, chercheurs et voyageurs.

L’exposition présentée est composée de deux parties :

- La première se rapporte au thème des Dix Tribus Perdues dans les sources historiques, depuis l’histoire biblique jusqu’au 20e siècle.

- La deuxième partie examine les tentatives de localiser les Tribus Perdues tant parmi des groupes juifs que non-Juifs. Cette exposition est universelle, en lien avec diverses pages importantes de l’histoire de l’Humanité.


Conception de l’exposition.
Le contenu de cette exposition repose essentiellement sur des photographies dont une grande partie proviennent de la collection du Musée de la Diaspora en Israël. Les costumes présentés sur les mannequins font partie d’une collection plus complète de costumes juifs qui a été créée et présentée à Marseille par le centre Fleg en 2006 «Le monde en 100 tenues juives, costumes féminins d’apparat 1840- 1940».

«Tribus Perdues» a été réalisée sous la direction de Martine Yana par le groupe de recherche du Centre Fleg, et adossée en ce qui concerne la trame et la recherche historique, sur une exposition de Beth Hatefutsot (B.H) : «Au delà du Sambatyon» (1991, Israël).

Les participants du groupe de recherche sont : Vicky Amar, Rosa Guedj, Nicole Horshowski, Henry Israël, Armand Lasry, Danièle Lasry, Elise Leibowitch, David Lezmi, Estelle Lezmi, Yvette Molkhou, Francine Nacasch, René Nacasch, Georges Nakache, Maggy Nakache, Suzy Saksik. Nous les en remercions vivement. Le travail des photos de l’exposition a été réalisé par Michèle Hassoun et Bari Poster d’Ashdod.
La maquette de la brochure d’exposition a été réalisée par Emeline Cachein (M-line, Graphic & Web design).
Le visuel de l’affiche d’exposition est une création de Philippe Loesh (Agence Rue Piétonne).

L’ensemble du travail et de l’exposition a été accompagné par l’équipe professionnelle compétente du Centre Edmond Fleg, sous la houlette de la directrice Martine Yana, David Almalech-Azmanoff, Miri Ireza, Céline Khalifa, Audrey Achour, Didier Dray, Léa Obrador et Sylvie Abitbol avec l’amicale complicité d’Evelyne Sitruk.





LLA BIBLE...

L’origine des Tribus d’Israël et la recherche des Tribus Perdues du Moyen-Âge jusqu’à aujourd’hui à travers légendes, récits et témoignages.


 Une exposition pour comprendre l’extraordinaire fascination exercée par la disparition des Dix Tribus d’Israël. 

Au temps de la Bible, le royaume d’Israël s’étendait en terre de Canaan habitée par les descendants des douze Tribus d’Israël, installés géographiquement par tribus : Asher, Dan, Ephraïm, Gad, Issacar, Manassé, Nephtali, Ruben, Siméon, Zabulon, Juda et Benjamin.

Après la mort du Roi Salomon (en 928 avant J.C), son royame fut divisé en deux royaumes distincts : celui d’Iraël et celui de Juda. 

Huit des Tribus résidaient dans le Royaume du Nord (le Royaume d’Israël) et furent exilées par les Assyriens au 8e siècle avant J.C. Les Tribus de Juda et de Benjamin constituant le Royaume méridional ou Royaume de Juda, seront exilées, à leur tour, plus de cent ans plus tard par le roi babylonien Nabuchodonosor.

Au 5eme siècle avant J.C., ces dernières pourront revenir sur la terre d’Israël, en Palestine et constitueront les ancêtres de la majeure partie des juifs que nous connaissons aujourd’hui.

La déportation et l’exil des populations faisaient partie de la politique assyrienne de migration obligatoire des peuples conquis.
C’est entre 735 et 722 avant J.C., que les rois assyriens conquirent le royaume d’Israël (dont la capitale était Samarie), l’anéantirent et en déportèrent donc ses habitants, loin, en Assyrie.


Selon une inscription assyrienne, datée de 721 avant J.C., «27290 personnes furent expulsées de Samarie». La Bible relate, le roi :«…déporta les israélites en Assyrie, et les établit à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes» (Rois II, 17 : 6).


Portrait d’Hasdaï Ibn Shaprut de Cordoue, ministre et conseiller du calife dans son jardin - Xe siècle Peinture contemporaine
Le prophète Ezéchiel
Statue de l’entrée
du Royaume de Nimroud
MOYEN-ÂGE



Des descriptions bibliques et des études archéologiques postérieures confirment que la plus grande partie des israélites a été envoyée dans les provinces de Haute-Mésopotamie, dans la ville de Halah (aujourd’hui identifiée avec Tel-Nimroud en Irak), et le long du fleuve Habor près de Gozan (Tel-halaf, au nord de la Syrie).
Que sont devenues les Dix Tribus et leurs
descendants ?

Les sources concernant les Dix Tribus sont un mélange de rumeurs, de légendes et de chroniques semihistoriques. Des prophètes d’Israël avaient prédit cette catastrophe que représenteraient la destruction du royaume et l’exil de ses habitants.

Néanmoins, ils avaient également annoncé un double retour : celui des descendants des Dix Tribus Perdues, qu’ils appelaient les «exilés d’Israël, les Israélites», ainsi que celui des Juifs, les descendants des deux autres Tribus (Juda et Benjamin) qui furent dispersés après la destruction du Temple et qu’ils appelaient les dispersés d’Israël.

Ainsi, la disparition mystérieuse des Dix Tribus d’Israël a consolidé la croyance selon laquelle leur localisation serait découverte dans le futur, qu’elles reviendraient sur la terre d’Israël.

Cette croyance a sa source dans les interprétations de plusieurstextes bibliques, particulièrement les Chroniques I (5 : 26) etdiverses Prophéties (Isaïe 11 : 11-12,) aussi bien que dans lesApocryphes (Esdras II 13 : 39-50).

Non seulement des dizaines de textes bibliques promettent qu’on les retrouvera, mais tout au long de l’histoire, des rabbins, des érudits, des voyageurs ont consacré de très nombreuses enquêtes et expéditions pour les identifier et les localiser..

Les opinions étaient partagées : pour certains, on devait les retrouver en Asie, pour d’autres en Afrique.

La recherche des Tribus Perdues, tant parmi les Juifs que les non juifs s’est orientée vers les pays lointains. La localisation des Dix Tribus Perdues est devenue un sujet de nombreuses spéculations.

Les rabbins des périodes mishnaïques et talmudiques ont commenté le destin des Dix Tribus qu’ils pensaient être au delà dufleuve mythique, le Sambatyon.

Graduellement, une légende s’est constituée qui annonçait que les Dix Tribus Perdues vivaient dans une région située au delà du fleuve miraculeux et infranchissable, le Sambatyon, qui coule pendant les six jours de la semaine et s’arrête le Chabbat, quand les Dix Tribus ne peuvent voyager.

Des références sur ce sujet peuvent être trouvées dans les textes classiques juifs (Genèse Rabba 73:6; Sanhedrin 10:6/29b).



Illustration de Jérusalem dans une bible latine
Illustration des récits de voyage
de Benjamin de Tudèle,
rabbin espagnol (1115-1173) (B.H)

Illustration du 16e siècle
représentant l’armée
des Tribus Perd



EÉPOQUE MODERNE


Cette légende est également mentionnée par Flavius Joseph (La guerre des Juifs) et Pline l’Aîné, auteur grec (Historia Naturalis 31:24).). Par la suite, un certain nombre de sources du Moyen-Âge feront référence aux Dix Tribus Perdues.

Pendant et après le Moyen-Âge, des récits annonçant l’arrivée de légions de ces Tribus ou décrivant leur royaume quelque part dans les confins de l’Asie et de l’Afrique, apparaissent régulièrement.

Dans les périodes d’espérance millénariste (en lien avec la fin du monde), de tels récits se sont particulièrement multipliés.


Avec la découverte du nouveau monde, le sujet a été abordé sous un nouvel angle.
Des théories scientifiques ont commencé à émerger dans lesquelles érudits et missionnaires identifiaient diverses communautés avec les Tribus Perdues, en se basant sur des similitudes entre leurs façons de vivre et leurs coutumes et celles rapportées par la tradition biblique.

Durant les cent dernières années, de nombreux groupes à travers le monde ont revendiqué leur affiliation aux Israélites de l’antiquité.

À ce jour, des organisations et des individus, en Israël et dans le monde, continuent de chercher à résoudre l’énigme des Tribus Perdues.
Bien que la localisation de ces Tribus n’ait jamais été définie, leur souvenir et l’espoir de leur retour à la fin des temps restent vivaces depuis l’antiquité dans la conscience collective juive

Illustration représentant
«La marche des Israélites»
Carte postale de la fin du 19e siècle :
le Désert de Jud

LES GROUPES JUIFS: Les Communautés juives revendiqaunt une origine liée à une Tribu Perdue

 Cette partie présente divers groupes, dans le monde, qui revendiquent un lien avec les Tribus Perdues d’Israël.
Certains de ces groupes ont pu maintenir leur judaïsme, d’autres ont conservé des bribes de traditions ou de rites en lien avec le judaïsme ancestral, d’autres enfin ne semblent avoir aucune appartenance au judaïsme, pourtant un fil ténu les y rattache.

Nous présenterons, dans cette partie, un éventail de 25 groupes humains (de quelques centaines de personnes ou de plusieurs millions), variés et peut être insolites rattachés aux Tribus Perdues.

Ces groupes représentent une part des tentatives des voyageurs, des chercheurs et des missionnaires d’avoir pu localiser et reconnaître les Tribus Perdues dans différentes régions du monde jusqu’à aujourd’hui.

L’éventail de groupes tribaux et ethniques et de communauté liées aux Dix Tribus présenté est composé notamment : - De communautés juives en Asie et en Afrique qui ont maintenu des traditions concernant des origines israélites en lien avec les Tribus Perdues.

- De groupes qui, selon leur tradition, seraient les descendants des membres des Tribus d’Israël de l’antiquité et reconstituent cette généalogie comme les Samaritains.

- De groupes se réclamant descendants de Tribus Perdues et d’affiliation juive comme en Inde, en Birmanie, en Afrique du Sud, et en Amérique du Nord.

- De nombreux groupes et mouvements non-juifs à travers le monde qui se considèrent comme descendants des Dix Tribus- Perdues ou identifiés en tant que tels par d’autres.

La recherche des Tribus Perdues d’Israël fut entreprise autant par les Juifs que par les Chrétiens et les Musulmans. Un échange fructueux entre Juifs et non Juifs s’est établi.
On retrouve des groupes pratiquant le judaïsme dans des parties reculées du monde se revendiquant Juifs et affirmant que leurs ancêtres sont arrivés avec une des Tribus Perdues :
- Les Bné Israël (d’Inde), les Bné Ménashé ou Shinlungs (de l’Inde du nord-Est) et les Juifs de Cochin pour la Tribu de Menasse.

- Les Béta Israël, également connus sous le nom de Falashas, juifs éthiopiens, se disent descendants de la Tribu de Dan, ce qui a été confirmé par le grand rabbin d’Israël actuel. Un certain nombre de sources mentionnant les Tribus et le Sambatyon semblent se rapporter aux Juifs d’Ethiopie.

- Les Juifs persans, ceux de Boukhara, les Juifs du Caucase, les Juifs de Kaifeng en Chine, les Juifs Habbani du Yémen, lesJuifs de Djerba et les Samaritains, mais également la tribu Lemba d’Afrique du Sud se revendiquent descendant de la Tribu d’Ephraïm.

- Les Juifs yéménites se rattachent à la Tribu de Gad



Les Juifs du Yémen
appelés aussi
 Juifs de Himyar,
royaume antique du Yémen...
Jeune fllle en habit
yéménite traditionn






Les Juifs Berbères, appelés « juifs
 shelouh ou chleuh», sont les Juifs de l’Atlas



nLes Juifs d L                                             Juifs d Afganistan




Les Juifs d’Éthiopie appelés Falashas
(mot qui signifie en amharique
«exilé» ou «immigré»), est un terme
rarement utilisé par les Juifs d’Éthiopie,
qui lui préfèrent l’appellation Beta Israël,
la «maison d’Israël».



Les Juifs de Cochin (port situé sur la côte 
occidentale de l’Inde, au Kerala, dans le Sud
 de l’Inde, cote du Malabar) appelés aussi juifs
 Kola ou Malabari (Malabar Yehudan)


  


Les Juifs Habbani constituent un groupe tribal juif de
la région de Habban au Yémen oriental
(aujourd’hui partie du gouvernorat de Shabwah).


Bijoux.
Juifs de Djerba




Les Bné Israël d’Inde se revendiquent d’un double origine :
la tribu de Juda et celle de Zabulon.



                                                          Les Juifs du Caucase oriental 
(de la Géorgie et du Daghestan)
également connus sous le nom de
Juifs des montagnes,
sont rattachés aux Dix Tribus Perdues.
Ils sont composés de deux groupes :
les Juifs Juvuro et les Juifs géorgiens. 

Juifs du Kurdistan.




Les Juifs de Perse (Iran).















Les Juifs de Kaifeng en Chine
(dans la province du HENAN,
en Chine intérieure,
non loin du fleuve jaune)














LES AUTRES GROUPES : ils se revendiquent descendant des Tribus Perdues


Il y a aussi des groupes pratiquant une autre religion que le judaïsme mais se revendiquant d’origine juive, rattachés aux Tribus Perdues.

C’est le cas des Igbos ou Ibos du Nigeria, des Britanniques (irlandais ou celtes) d’obédience anglo-israélite, des Mormons, des Makoyas du Japon, des Chiang Min en Chine…

Au sein de la diaspora juive pour laquelle on a l’habitude de reprendre l’expression rapportée dans le livre d’Esther (la méguila de Pourim) pour en exprimer la dispersion par le monde «de Hodu (Inde) à Kush (Ethiopie)», les recherches furent intenses.
Les traditions et les légendes sur l’origine supposée des Dix Tribus Perdues peuvent être trouvées parmi les communautés juives en Diaspora et/ou immigrées en Israël.

Dès le 16e siècle, le fait de pouvoir établir des contacts entre communautés juives européennes et communautés juives non européennes, en Asie et en Afrique, (notamment par le biais des colonies), accrut la curiosité de l’origine et des traditions de communautés juives autres.


Le mythe des Dix Tribus Perdues d’Israël est également un thème récurrent du folklore des nombreuses communautés juives en Diaspora. Des légendes, des récits, des témoignages décrivant le destin des Dix Tribus Perdues sont trouvées parmi les traditions des juifs du Maroc, du Yémen, et de l’Europe de l’Est.

Tout au long de l’histoire, les communautés juives lointaines ont été associées aux Tribus Perdues et émissaires, voyageurs et rabbins les ont visité :


- Les Juifs de Boukhara, du Kurdistan et du Caucase, vivant dans la zone géographique de la dispersion assyrienne, conservent des légendes de leurs origines israélites.


- Des groupes Juifs perpétuent des légendes selon laquelle ils seraient descendants de membres d’une Tribu Perdue, arrivés par la mer : les Juifs de Djerba, les Bne Israël d’Inde, les juifs de Cochin.


- Des lettres des juifs européens ont été périodiquement envoyées aux communautés juives lointaines, comme à Boukhara et à Kaifeng (Chine), pour savoir si elles descendraient des Dix Tribus Perdues.

Et la recherche n’est pas finie !!
À diverses périodes, des Tribus et des peuples de tous les continents
ont été associés à des descendants possibles des Tribus Perdues.


Les descendants supposés des Dix Tribus Perdues se répartiraient
dans différents groupes ethniques :


En Asie : en Afghanistan, Azerbaïdjan, Birmanie, Kurdistan, Cachemire, Chine, Japon et Tribus Karens d’Asie Centrale


- Dans plusieurs pays et régions de l’Afrique de l’Ouest : Mali, Ghana, Nigeria


- En Afrique australe : Zimbabwe, Lesotho, Afrique du Sud, Mozambique


- En Afrique de l’Est : Ouganda, Ethiopie, Erythrée


- En Europe : Celtes des îles britanniques.


- En Océanie : indigènes de Nouvelle Zélande


- En Amérique du Sud : Equateur, Colombie, Venezuela, Pérou (indiens)


- En Amérique du Nord


- En Australie : Aborigènes

Les Juifs Ibos (ou Juifs Igbos ou Ibos bne Israël),
sont des membres de l’ethnie Ibo du Nigeria
qui pratiquent la religion juive et
prétendent provenir de l’émigration hébraïque
et ultérieurement juive d’Afrique du Nord
et d’Égypte.
Les hébreux noirs (Black Hebrews)
constituent un ensemble
de groupes afro-américains qui considérent
que les Israélites de l’ancien testament étaient
en fait des Noirs, et que les Noirs d’aujourd’hui
sont leurs descendants.
La communauté de Bne Menashe est composée de groupes des Tribus Shinlung du Mizoram et de Manipur au nord-est de l’Inde.
Ces groupes font remonter leurs origines
à l’installation dans une ville appelée Sinlung
dans la province de Séchouan en Chine centrale,
où ils seraient arrivés après avoir été exilés
par le Roi assyrien Salmanasar V. Ils seraient issus d’une des dix Tribus Perdues d’Israël, celle de Ménaché (Manassé).


Les Israélites Britanniques
(mouvement de l’Israélisme Britannique)
militent pour un lien historique entre les Dix Tribus Perdues et le peuple anglais,
et l’expliquent par le biais des diverses vagues
de migrations d’Asie centrale vers les rivages
du nord de la Mer Noire et
finalement vers la Grande-Bretagne
Les Makuyas du Japon. Certains groupes au Japon maintiennent qu’une partie du peuple japonais descend des Israélites Antiques exilés par les Assyriens. Depuis 1948, un groupe en particulier, s’est fait défenseur de cette théorie, les Makuyas appelés également « Kirisuto no makuya », Makuyas du Chris
.


Les Chiang Min. Au Nord-Ouest de la Chine, à la frontière
du Tibet dans une région montagneuse, à l’Ouest
du fleuve Min, dans la province du Séchouan vit un peuple
à part, appelé par les Chinois « Chiang Min »,
évalué à 250 0000 personnes qui se disent descendants
d’Abraham et d’une Tribue Perdue.




On retrouve les peuples Bayuda (descendants de Juda) au On retrouve les peuples Bayuda (descendants de Juda) au Congo et les Abayudaya en Ouganda. Au Rwanda et au Burundi voisin, les Tutsis se disent également descendants du Royaume de Kush, c’est-à- La Tribu Lemba ou Lembaa d’Afrique Australe parle le bantou et est présente entre le Malawi, le Mozambique, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe (Rhodésie). Femmes lemba pendant la fête de la lune Zimbawe Afrique 1980 (B.H) dire le royaume de la Reine de Saba et de son fils Ménélik-David, né de son union avec le Roi Salomo et les Abayudaya en Ouganda. Au Rwanda et au Burundi voisin, les Tutsis se disent également descendants du Royaume de Kush, c’est-à- La Tribu Lemba ou Lembaa d’Afrique Australe parle le bantou et est présente entre le Malawi, le Mozambique, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe (Rhodésie). Femmes lemba pendant la fête de la lune Zimbawe Afrique 1980 (B.H) dire le royaume de la Reine de Saba et de son fils Ménélik-David, né de son union avec le Roi Salomo



La Tribu Lemba ou Lembaa d’Afrique Australe
parle le bantou et est présente entre le Malawi,
le Mozambique, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe (Rhodésie).







Les Samaritains. Selon leur tradition, ils seraient
des descendants des membres des Tribus israélites
qui ont pu rester sur la terre d’Israël au moment
de la conquête assyrienne du 8e siècle avant JC,
et n’en sont jamais partis.

LeL
Les Pathans d’Afghanistan sont le plus grand groupe tribal du monde, ils seraient huit millions en Afghanistan, sept millions au Pakistan et 40.000 au Cachemire. Selon leur légende, ils se disent descendants des Tribus Perdues et s’appellent eux-mêmes Beni Israël (les enfants d’ Israël).

CONTES  


Les gens des Tribus Perdues En Arabie
D’après un conte d’Abed de Safed

Lors de mon pèlerinage à la Mecque, nous étions nombreux à voyager ensemble. La route était longue et périlleuse et nous étions si fatigués que nous nous assîmes pour nous reposer. Je cherchai donc un petit coin confortable, m’allongeai et m’assoupis.
Tous les autres hommes se reposèrent et reprirent ensuite leur voyage. Ils ne remarquèrent pas que je dormais encore. Je me réveillai tôt le soir et me trouvai donc seul. Bien triste affaire, pensai-je ! Je dois les rattraper. Je me levai, bus un peu d’eau et commençai à reprendre mon chemin rapidement. Mais je me perdis très vite. Soudain, je vis une lumière dans le lointain.
Je marchai dans cette direction et je vis une maison. Je fus reçu chaleureusement et on me donna l’hospitalité, de la nourriture et un endroit pour dormir. Je me reposai avec bonheur et le lendemain matin je vis que les gens chez lesquels je logeai se rendaient à des prières publiques. Je réalisai alors qu’ils n’étaient ni Musulmans ni Chrétiens, et je leur demandai : «Quelle est votre religion ?». «Nous sommes des Juifs des Dix Tribus qui sont allées en exil, et vous qui êtes vous ?» «Je suis un Musulman de la Terre d’Israël».

Ils me donnèrent encore à boire et à manger et m’indiquèrent le bon chemin. J’allai de l’autre coté de la route et plus loin je vis une dame assise qui portait un foulard sur la tête. Elle me demanda de l’argent :«si vous ne me donnez pas d’argent dit-elle, vous ne passerez pas.»

Je lui donnai donc de l’argent et franchis la frontière. J’atteignis la bonne route et pus continuer mon chemin jusqu’à La Mecque. Je racontai à mes amis ce qui m’était arrivé et ils ne me crurent pas. Ils se moquèrent de moi. «Les juifs des Dix Tribus sont morts depuis longtemps, ils se sont assimilés à d’autres nations».
Voilà ce qu’ils me répondirent et je décidai alors de raconter à un juif ce qui m’était arrivé. Peut être que j’avais vraiment fait un rêve. Je retournai chez moi sain et sauf et j’allai rendre visite à des juifs, de bons amis à moi, pour leur raconter cette histoire. L’un d’eux me dit : «C’est vrai. Il y a bien dix tribus quelque part mais je ne sais pas où elles vivent. Si vous retournez là bas, emmenez moi».

Rappelez-vous cependant qu’il est interdit aux juifs d’aller à la Mecque voilà pourquoi nous devons nous contenter de croire les histoires que l’on nous raconte.

Origine : Israël, conte en Arabe.
Avec la permission des archives des contes populaires d’Israël,
Université de Haïfa.


Pour La nuit
Extrait d’un hôte pour la nuit d’après S.Y Agnon

«Un jour» dit Raphaël, «dans un livre, j’ai lu un récit évoquant la rivière Sambatyon, des Dix Tribus Perdues et des fils de Moïse. Et je voudrais savoir où la vie serait plus agréable, dans le lieu où se tiennent les Dix Tribus ou la terre d’Israël ?»

«Tu devrais trouver la réponse tout seul, répliquai-je. Les Dix Tribus et les fils de Moïse vivent dans l’espoir constant de pouvoir retourner sur la terre d’Israël et partiraient là-bas tout de suite, si seulement le Saint Béni Soit-Il ne les avait encerclés par le Sambatyon, une rivière, qui, toute la semaine, bouillonne sauvagement en projetant de grosses pierres et n’arrête son tumulte que le Chabbat. Or, ce jour-là, les Juifs ne peuvent le traverser du fait de leur grande piété. Et toi, tu oses me demander l’endroit le meilleur pour vivre ? Bien sûr, c’est le pays d’Israël.»

Shoken Publishing House. Tel-Aviv 1968
Par permission de l’éditeur

Au plus Profond Des mers
D’après s.Y Agnon

Nous devons nous souvenir avec gratitude du rabbin Shmouel Youssef fils du Rabbin Chalom Mordehaï Halévy qui adoucit la vie des juifs de sa communauté en leur racontant des récits du pays des fils de Moïse et des Tribus perdues, qui vivant au-delà du Sambatyon, dans un royaume, dans de grandes maisons qui seraient construites en pierres précieuses.
Ces pierres brillent bien plus que n’importe quelle chandelle, au point qu’ils n’ont besoin d’aucune bougie la nuit. Ils vivent jusqu’au bel âge de cent vingt ans, et de plus, les pères et les mères ne survivent jamais à leurs enfants.

Ils sont quarante fois plus nombreux que les juifs qui ont quitté l’Egypte au moment de l’Exode. Ils se nourrissent des richesses de la terre qu’ils doivent à l’étude de la Torah et au respect des commandements de Dieu. En effet, on ne trouve nulle part dans tout le royaume quoique ce soit d’ impropre, ni bête, ni oiseau, ni même le moindre reptile ou insecte. Et chaque jour, les enfants des Tribus Perdues entendent une voix céleste qui pleure la destruction du Temple de Dieu (Jérusalem). Et jamais ils ne cessent de L’attendre pour qu’Il les ramène sur la terre d’Israël.

Shoken Publishing House. Tel-Aviv 1968


Le chant d’Akdamut


Autrefois, dans une contrée du monde ashkénaze (en Europe de l’Est), un prêtre calomnia les Juifs et dénonça leurs croyances auprès du roi de cette époque. Le roi fit alors paraître un décret néfaste pour les Juifs. Il exigea d’eux qu’ils présentent devant le prêtre un interlocuteur pour débattre publiquement de points de religion, sinon il anéantirait les Juifs de son royaume. Dans leur détresse, les Juifs supplièrent le roi de remettre le débat à plus tard jusqu’à ce qu’ils puissent faire venir à leur aide un grand rabbin plein de sagesse. Or, il se trouva que Rabbi Meir, fils de Rabbi Yitzhak Shatz de Worms, fut en visite par là. Rabbi Meir accepta d’entreprendre cette mission périlleuse faisant confiance à Dieu pour qu’Il l’éclairât de Ses lumières et l’assurât du succès de cette mission.

Quand Rabbi Meir se présenta devant le roi, les prêtres exigèrent de lui qu’il accomplît un miracle. Rabbi Meir accéda à leur requête et invita le peuple devant la rive de la rivière Sambatyon pour accomplir cette merveille. Il est bien connu que la rivière Sambatyon bouillonne les jours de la semaine en faisant tourbillonner jusqu’aux cieux les roches qu’elle déplace. Le chabbat, cependant, elle se repose de sa furie mais tous ceux qui la traversent, ce jour, doivent mourir.

C’est alors que tous ceux qui étaient présents vécurent la plus grande des merveilles. Comme le rabbin posait le pied sur la rivière Sambatyon, elle se calma aussitôt et se reposa de sa turbulence. Et ses eaux furent aussi calmes que les eaux paisibles de la Shiloah et Rabbi Meir la traversa. Lorsque l’eau atteignit son coeur, il se mit à nager comme un poisson. Très vite, il atteignit la berge opposée de la rivière. Là, il resta debout et pria pour que les cruels décrets à l’encontre des Juifs soient révoqués. Quand Rabbi Meir retourna vers les prêtres, ils lui demandèrent : «Qui est donc ce Dieu pour lequel les Juifs risquent leurs vies ?».

«Si tous les cieux étaient des feuilles de parchemin», répondit le rabbin, «et tous les arbres de la forêt des plumes et tous les océans et les mers de l’encre, et tous ceux qui vivent sur la terre des scribes avisés, ils n’arriveraient pas, malgré tout, aux merveilles qui furent réalisées par le Créateur de l’Univers».
Ainsi, le rabbin l’emporta sur les prêtres et le décret néfaste fut abrogé. Rabbi Meir chanta alors un chant merveilleux pour louer et remercier le Créateur du Monde, Celui qui accomplit des merveilles à tous moments et il appela son chant Akdamut. Et toutes ses réponses aux prêtres et toutes ses louanges au Créateur y étaient incluses. Certains disent que Rabbi Meir resta sur l’autre rive du Sambatyon jusqu’à la fin de ses jours et fut enterré là-bas. Et d’autres disent qu’il revint et alla vivre sur la terre d’Israël où il mourut à Tibériade. Sa tombe est encore connue et vénérée aujourd’hui comme étant la tombe de Rabbi Meir Baal Ha Nes, le faiseur de miracles.

Origine Pologne.

centrefleg Marseille




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